IFLA WLIC 2014 | #7 Raphaëlle Bats

Raphaëlle Bats est Information Coordinator de la section LTR ainsi que responsable des relations internationales à l’ENSSIB. Dans le cadre du prix reçu par la section lors du congrès, nous avons souhaité l’interviewer pour en savoir plus sur cette réussite.

 

English version : coming soon !

Depuis quand êtes-vous dans la section LTR ?

Depuis août 2011, l’année où j’ai rejoint la section en étant élue. C’était au congrès de Porto Rico.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir la section LTR ?

J’ai choisi la section LTR parce que je suis chargée des relations internationales à l’enssib et que c’est une école de formation en bibliothéconomie, c’est-à-dire qu’on a à la fois des enseignants, mais aussi des chercheurs. C’est donc la section qui permettait le mieux de représenter mon établissement.

Une autre raison est aussi que je suis intéressée par la recherche : je fais de la recherche et je fais partie du centre Gabriel Naudé de l’enssib et donc cela m’intéressait d’aller rencontrer d’autres chercheurs pour savoir un peu ce qui se pense et ce qui se dit. Quand on fait de la recherche on est un peu isolé et rencontrer d’autres chercheurs, c’est aussi un moyen de se sentir plus en lien avec d’autres personnes.

 

Depuis quand êtes-vous Information Coordinator ?

Et bien je crois que c’est dès que je suis arrivée. Alors il faut peut-être que je revienne un peu en arrière parce que c’est en lien avec mon arrivée dans la section : quand j’ai pris mon poste en janvier 2011, j’ai rencontré Terry Weech qui est professeur à l’université d’Urbana Champaign à la GSLIS et je lui ai fait part de mon désir de venir à l’Ifla. Il m’a parlé de la section théorie et recherche et m’a dit qu’il me soutiendrait si je candidatais. Je ne sais pas s’il savait que j’avais été chargée de communication avant, mais en tout cas il pensait que c’était une bonne idée de candidater pour être Information Coordinator. Il a donc proposé ma candidature, car je ne sais pas si vous savez, mais les Information Coordinator ne sont pas élus, mais nommés par le président. J’ai accepté et je suis donc devenue information coordinator.

 

Pourquoi et comment en êtes-vous arrivé à travailler avec vos élèves ?

Quand j’ai été nommée Information Coordinator, je me suis vite aperçue que c’était un gros travail et surtout je trouvais que c’était un bon terrain d’expérimentation du boulot de chargé de communication. Je me suis dit, pourquoi je ne ferais pas ça avec des élèves, comme un atelier volontaire ? J’ai donc proposé à des élèves d’une nouvelle promotion de master en politique des bibliothèques et de la documentation, qui était particulièrement intéressée par les questions internationales et je leur ai demandé si certains étaient intéressés pour faire cet atelier. Au début nous étions 5 (4 élèves et moi-même) et nous avons mis en place la veille, ensuite nous avons lancé le twitter, nous faisions la newsletter aussi, puis toutes les traductions de l’anglais vers le français des documents importants que nous diffusions sur le site web. Puis année après année avec les différentes promotions (comme l’atelier a bien fonctionné la première année, nous avons continué) nous avons créé en plus le blog et avons continué à avoir une activité de plus en plus importante. L’idée c’était que cette position serve aussi à l’Enssib et aux élèves en tant que terrain d’expérimentation.

Je suis très contente de faire ça avec les élèves, parce que je pense que ça leur donne un premier aperçu de l’international et en même temps un premier pas pratique sur la communication. Cela créé aussi des liens entre les enseignants et les élèves qui sont un peu sur autre chose que sur de l’enseignement purement théorique et surtout unilatéral. Là c’est vraiment un travail de groupe, les élèves ont des responsabilités et même si je suis le noyau du groupe les élèves sont vraiment source de propositions, ce sont eux qui s’occupent des outils et c’est vraiment important.

 

Que représente le prix reçu pour la section LTR lors du congrès de l’IFLA ?

C’est une question de reconnaissance du travail qui a été mené au sein de la section en termes de communication, c’est valorisant pour la section en général, puis pour moi en particulier et pour les élèves. Il amène aussi plus de visibilité de la section au sein de l’IFLA. Sur le plan de la visibilité également, comme le disent mes élèves, il serait intéressant de travailler plus en adéquation et en lien avec les autres sections de l’IFLA, parce que justement, LTR c’est une section support, qui peut être utile à toutes les sections. Pour faire ce travail nous avons besoin d’être visibles et d’être reconnus dans nos activités (activités de recherche, mais aussi de communication). Ensuite, si l’on fait de la communication, c’est aussi parce qu’on a des choses à faire passer aux personnes et recevoir le prix cela offre plus de chances de faire passer ce message parce qu’il y a plus de personnes qui nous connaissent et s’ils nous connaissent ils vont nous suivre et s’ils nous suivent ils vont avoir toute cette veille que l’on fait pour eux. Et puis bien sûr j’en suis très fière.

Par contre, matériellement, on ne gagne rien. On a gagné un prix, c’est-à-dire un document et ça c’est vraiment très important pour nous, mais je tiens à préciser qu’on ne gagne pas d’argent.

 

En quoi pensez-vous que la théorie et la recherche sont importantes dans la pratique des bibliothécaires ?

Je fais partie de ces bibliothécaires qui pensent qu’il est vraiment important qu’on fasse de la recherche. Ce que j’entends par recherche, c’est vraiment une recherche appliquée, pas de la théorie pure. Cela me semble important pour faire n’importe quel type de projet. Je vais prendre un exemple : en ce moment il y a pas mal de projets participatifs qui se mettent en place. Souvent les gens disent que cela a bien marché ou pas et quand on leur demande pourquoi cela a marché ou non ils ne savent pas vraiment vous répondre. Alors ils font des hypothèses, ce qui est déjà bien, mais si on faisait de la recherche appliquée, on verrait qu’il y a plein de textes qui ont été écrits sur les facteurs de motivation dans les projets participatifs et à partir de ces textes on peut se dire que l’on a exploité ou non certains facteurs de motivation et on peut donc améliorer son travail et être plus efficace. Au niveau des services publics avoir un meilleur résultat, c’est offrir un meilleur service à l’usager, donc c’est central. On ne peut pas juste faire du travail de tentative, il faut qu’on essaie de voir ce qui a été pensé et réfléchi et qu’on s’appuie dessus pour faire des propositions. La recherche est donc nécessaire.

Après je ne dis pas que tous les bibliothécaires devraient faire de la recherche mais ils devraient tous savoir s’appuyer sur de la recherche quand ils montent des projets. Alors il faut avoir du temps pour faire ça, mais au moins plus on le fait, plus on a des habitudes de recherche et on trouve au moins trois ou quatre articles à propos des décisions que l’on prend et qui ne sont pas juste des décisions de mise en pratique qu’ont fait d’autres établissements. Je ne trouve pas suffisant de dire « je le fais parce qu’un autre établissement l’a fait et que ça a bien marché », je pense que c’est une raison, mais ce n’est pas une raison suffisante. Il faut accompagner cela d’une réflexion sur la théorie et la recherche.

Il y a aussi des bibliothécaires dont l’expérience peut être le lieu d’une recherche. Je pense qu’il y a un problème en France, pour tout vous dire, qui est qu’il y a une grosse distinction entre les recherches en sciences de l’information et le métier de bibliothécaire. Nous n’avons pas les mêmes formations, pas les mêmes études, pas le même réseau, si bien que l’on travaille très peu sur l’objet bibliothèque. Au niveau des chercheurs il y en a peu qui travaillent sur l’objet bibliothèque et les bibliothécaires travaillent peu avec les chercheurs et ça c’est vraiment dommage. Je pense qu’on aurait intérêt à développer les projets qui sont des projets dans lesquels il y a à la fois des bibliothécaires et des chercheurs.

C’est pour ça que je trouve cela important que la section théorie et recherche fasse partie de la division des supports et qu’il faut qu’on essaie de travailler avec les autres sections pour proposer nos services. Pas nécessairement les services de la section, mais les services des chercheurs. Je pense que ce qu’on fait en veille c’est un moyen pour les bibliothécaires de mieux identifier qu’il y a des chercheurs qui travaillent sur la même chose qu’eux mais du point de vu théorique et appliqué. Et je pense que se rendre compte de cela permet de créer des passerelles et c’est ce que l’on cherche à faire.